S’en « griller une » à la sortie d’un cours, ce ne sera bientôt plus possible à l’Université de Strasbourg. Une première en France à l’échelle d’une université, où seule l’École des hautes études en santé, à Rennes, a déjà fait ce choix volontariste pour son campus. Une convention signée avec la Ligue contre le cancer, lundi 31 mai, Journée mondiale sans tabac, vient appuyer la démarche. Morceaux choisis des discours des parties prenantes, et retour sur les réactions mitigées des usagers du campus.
« Dénormaliser la consommation de tabac » : Aude Rochoux, médecin et directrice du Service de santé universitaire (SSU)
« En mettant en place des zones sans tabac, en particulier dans l’espace public, on cherche à faire évoluer les représentations des usagers en faveur de la non-consommation. Avec 75 000 décès par an, le tabagisme reste la première cause de mortalité évitable en France.
Ce sont d’abord les parvis des campus Esplanade et médecine qui vont devenir "espaces sans tabac", en novembre 2021, à l’occasion du Mois sans tabac. Puis tout le campus, à la fin de l’année 2022.*
Cette convention marque l’aboutissement d’un travail de longue haleine entamé depuis plusieurs années par l’université (voir chronologie en encadré) et porté pour le SSU par les docteurs Julie Nguyen-Soenen et Florence Chenevat-Fromont.
Notre enquête menée auprès des usagers du campus, au printemps 2020, nous a confortés dans la légitimité de notre démarche : 67 % des 3 300 répondants se sont déclarés favorables à un campus sans tabac, 20 % défavorables, avec une proportion chutant à 32 % d’opinions favorables parmi les fumeurs.
Nous en sommes conscients, la consommation de tabac ne va pas disparaître du jour au lendemain. Nous allons donc travailler avec le vice-président Patrimoine à l’implantation d’abris fumeurs sur le campus central, avec des cendriers. Notre démarche se veut globale et la dimension environnementale y est intégrée : nous souhaitons aussi réfléchir à des pistes de recyclage des mégots.
Enfin, nous proposons aux étudiants une prise en charge globale pour les aider à arrêter de fumer, avec des consultations médicales de tabacologie, de nutrition, un suivi psychologique et des ateliers de gestion de stress/sophrologie/méditation de pleine conscience. Pour les personnels, ces consultations seront proposées par la ligue ; cela fait partie des dispositions de la convention. »